LES DEUX FONT LA PAIRE
8 avril 2011 - PROPOS RECUEILLIS PAR JOËL JENZER
CAPRICES FESTIVAL
Duo français oeuvrant en anglais, AaRON devrait séduire le public ce soir avec sa pop lancinante. Rencontre avec deux musiciens très complices. Les deux font la paire
Quelle idée de nommer son groupe Artificial Animals Riding On Neverland! Avec l'acronyme AaRON, cela se retient déjà mieux. Mais, plus que pour son nom, c'est pour sa musique que le duo formé par deux Français, Simon et Olivier, s'est fait remarquer avec avec son premier album sorti en 2007. Un carton qui a lancé la machine. Armé d'un deuxième disque aux mélodies pop envoûtantes, le groupe fait beaucoup parler de lui. De passage en Suisse avant leur concert de ce soir au Caprices Festival, les deux musiciens parlent de leur aventure.
A la suite du succès de votre premier album, avez-vous ressenti une pression au moment de faire paraître votre deuxième disque?
Simon: Je ne crois pas que ça a été plus difficile. C'était peut-être même plus agréable, pour moi, parce que je connaissais Olivier et que je savais ce que j'étais en train de faire, alors que pour le premier album, je n'avais jamais fait ça de ma vie, je n'y connaissais rien et ça me perturbait un petit peu, même si je trouvais ça très excitant.
Ce deuxième album, avez-vous souhaité le faire sonner différement du premier?
Olivier: On n'a pas eu cette volonté-là, tout s'est fait naturellement, ça a évolué, mais comme nous, nous avons évolué en tant qu'êtres humains. En fait, le principal, c'est d'être libres, et que la musique et les textes soient cohérents.
Le fait de se retrouver seuls, tous les deux, sans regard extérieur, nous a permis d'aller un peu plus loin, de faire des essais, des mariages pas spécialement évidents au niveau de la musique. On a tout essayé!
Composer, jouer à deux, est-ce que cela génère parfois des tensions entre vous?
Simon: Les rares fois où on n'est pas d'accord, on a assez d'arguments l'un et l'autre pour discuter. Le but n'est pas de défendre ou de détruire quelque chose. De toute façon, on n'a pas trop le choix quand on fait un projet à deux: ça fonctionne ou ça ne fonctionne pas. Mais il n'y a pas de problèmes d'ego entre nous.
Olivier: Et pour le moment, on a vraiment les mêmes envies. Et, après, la magie de la scène, c'est que l'on peut tout réorchestrer. Quand on en a marre d'un truc, on le change.
De vos chansons aux mélodies planantes se dégage une sorte de mélancolie. Cela représente-t-il votre état d'esprit au quotidien ou est-ce simplement la musique que vous aimez?
Simon: On est sincère quand on fait notre musique, alors ça doit nous représenter, indirectement. J'aime beaucoup la notion d'équilibre de la vie: s'il y a énormément de lumière, il y a énormément d'ombre aussi, et inversement. Tout n'est pas blanc ou noir. Ce sont des moments de ta vie que tu imprimes et après, tu ne restes pas forcément dans cet état-là. On veut juste imprimer l'état dans lequel on est au moment où on fait le morceau.
Sur scène, vous laissez vivre vos chansons?
Olivier: Le bonheur de la scène, c'est que ça change tous les soirs. Tu restes fidèle à la mélodie, mais autour de cette mélodie, tu peux orchestrer des tas de choses.
C'est aussi la beauté de la musique, ce n'est pas figé, c'est quelque chose de vivant, qui n'est pas palpable, il n'y a pas un début et une fin.
Ce qu'on aime, c'est pouvoir réorchestrer les morceaux, les rallonger, les raccourcir, changer d'instruments... Et en fonction du public et des salles, ta façon de chanter, de jouer change.
De plus en plus de groupes français font de la pop anglaise. Comment vous sentez-vous perçus par les anglo-saxons?
Simon: pour moi, c'est particulier, parce que mon père est Américain, alors je n'ai pas d'idée précise de ce qu'est le Français qui invente des mots en anglais, puisque quand je parle à mon père, c'est en anglais. Je pense, objectivement, qu'on a été assez bien accueilli. Mais, à la base, on nous disait: "Il faut chanter en français, sinon ça ne passera pas à la radio."
Mais, aujourd'hui, il y a une ouverture d'esprit qui est vachement plus grande. C'est un peu dommage de s'arrêter à une langue: si Björk chantait en islandais, je n'aurais jamais eu accès à cette personne. Dalida, Rika Zaraï ou ABBA, il y a plein de gens qui ont chanté autre chose que leur langue de base et qui ont voyagé avec leur musique.
Source : lenouvelliste.ch