Olivier Coursier a un peu dévoilé, jeudi dans une des loges du Palais des festivals le duo qu’il forme avec Simon Buret, juste avant qu’ils ne donnent leur concert au Grand Audit.

Ce n'est pas parce que ces deux-là ont choisi pour nom« Artificial animal riding on Neverland » - Aaron, donc - qu'ils sont artificiels. Bien au contraire, Simon Buret et Olivier Coursier (par ordre alphabétique au générique) sont d'authentiques rêveurs talentueux et sincères. Ils aiment faire ce qu'ils font et le font… à fond. En tournée depuis déjà de longs mois, ils ont eu tout le temps de (re) peaufiner chansons et musiques. De changer au gré de leurs humeurs et envies. D'où le nom de cette tournée en toute liberté « Unplugged and waves ».
Jeudi soir au Grand Audit, quoi que fatigués à quelques dates de la fin de leur tournée, c'est encore le meilleur d'eux-mêmes qu'ils ont donné. Et, juste avant leur concert, Simon Buret endormi dans sa loge du Palais, a laissé la parole à Olivier Coursier. Interview monocorde d'un duo très fusionnel.

Quand on vous interviewe (ce qui est fréquent, j'imagine) vous répondez d'une seule voix ?
Olivier Coursier, qui n'hésite pas à dire « on » quand on lui pose une question sur le duo : « Nous travaillons ensemble depuis 2005. Et nous sommes en tournée depuis un an et demi. On se connaît très bien. On se complète. On possède le même univers et le même langage. La même compréhension des choses. »

Pour jouer avec le nom que vous vous êtes choisi, Aaron, êtes-vous des animaux artificiels ou rêveurs ?
Les adultes oublient de rêver. Pour nous, il s'agit d'équilibre : avoir de l'espoir, rêver sa vie. L'être humain a d'autres capacités que le réel.

L'univers du disque, un peu sans pitié, vous permet-il de continuer à rêver ?
Nous avons de la chance, notre label (cinq 7, Ndlr) nous laisse une grande liberté. Personne ne nous donne de conseils. On peut expérimenter plein de choses.

Ce soir au Grand Audit, qu'allez-vous proposer au public de Cannes ?
On aime se renouveler. En octobre, on a tout changé. On réinterprète les morceaux. Ce qui était voix-piano, peut devenir guitare-voix. On joue avec les structures. On ajoute de la nuance, on épure certains titres, ou y met de l'énergie en fonction de nos envies, mais aussi de la salle. C'est à chaque fois différent. C'est pour ça que la tournée s'appelle « Unplugged and waves ».

Votre duo à l'histoire improbable et un peu miraculeuse est-il fait pour durer ?
On a encore plein de choses à faire ensemble. On s'est rencontrés, il n'y a pas si longtemps grâce à Vanessa du groupe Smoking smoking qui fait la première partie de nos concerts. On veut encore travailler ensemble, même si séparément, on a d'autres centres d'intérêt. Le cinéma pour Simon, la photo et le dessin, voire la production d'artistes, pour moi. On arrive à la fin et c'est très bien, parce qu'on n'aurait pas eu envie d'en faire plus. On a vécu des moments incroyables comme à la salle Pleyel où on a joué avec chœur et cuivres.

Viendrez-vous au Midem cette année comme l'an dernier ?
Non. Nous sommes encore en tournée. Mais, c'est vrai qu'on a fait un concert pour les professionnels du Midem l'an dernier. On voulait rencontrer du monde. Prendre des contacts et ça a marché. On part notamment en Allemagne grâce à ça en mars.

Vous écoutez quoi comme musique en ce moment et qu'est-ce qui vous inspire ?
Ce n'est pas la musique qui nous inspire, mais plutôt des ambiances, des images. Avec Simon, on fonctionne beaucoup comme ça. On parle moins technique que couleurs. En ce moment pour se détendre, on écoute pas mal Bon Iver, Cant aussi et les classiques… Nina Simone.

Vous avez chanté avec Zazie, il y a d'autres artistes avec lesquels vous aimeriez partager un morceau ?
Zazie nous a surpris en venant à notre tout premier concert. Elle a toujours porté sur nous un regard bienveillant. Un jour elle a voulu chanter avec nous. D'où « La place du vide ». Il y a plein d'artistes avec lesquels on aimerait chanter : Fiest, Dominique A, Camille ou Rover. Des gens avec des personnalités et des univers très forts.

Et l'après-tournée ?
Une vraie pause avec des expositions, des moments en famille, des voyages. Faire le plein de choses avant de se lancer dans un nouvel album.

Propos recueillis par M.L.M. (mlemonze@nicematin.fr)