Une dernière invitation à rêver plus fort
Difficile de mettre des mots sur le moment de pure beauté auquel nous avons assisté hier. Comme ce fut probablement l'un des plus beaux concerts que nous ayons vu dans notre déjà longue carrière de journaliste, on se dit qu'il faudrait que cet article soit à la hauteur. Et le challenge est difficile à relever.
Alors, on évitera de tomber dans l'analyse objective, de lister les "peut mieux faire", les critiques à deux balles où on s'efforce de comparer des choses qui ne sont pas comparables, d'égrener les morceaux au fur et à mesure... AaRON nous a rappelé, hier soir, à quel point il était agréable de se laisser emporter.
Déjà, en choisissant le Forum de Liège comme toutes dernières dates de leur tournée, Olivier et Simon ont offert au public présent et venu en nombre, l'impression d'un
moment exceptionnel. Pour clôturer cette fabuleuse tournée et mettre un point final à leur premier album, le duo s'était entouré d'un orchestre symphonique, en plus d'une batterie (déjà présente à Forest National à l'époque) et d'une contrebasse (qui les a accompagnés sur chaque date).
Un effet électrisant
En plus de savoir qu'on vivait un moment comme il en existe peu, les artistes ayant tendance en général à enchaîner les concerts tant que la demande est là, ce fut musicalement parfait. Les cordes ont eu un effet électrisant sur notre épiderme. Les frissons qui n'ont pas cessé de
parcourir notre nuque n'étaient pas dû à la température extérieure.
C'est les yeux écarquillés et les oreilles grandes ouvertes que nous sommes laisser embarquer.
Les lumières étaient à couper le souffle. Elles mettaient en valeur chaque acteur de cet instant unique, l'un après l'autre, sans préférence aucune. Simon, au micro, dont la
voix grave et éraillée imposait un silence respectueux aux spectateurs, se découpait souvent dans un halo éblouissant. Ses gestes, qu'on peut trouver incongrus au début, lui donnaient un style aérien.
Si leur album est une invitation à la rêverie, ce concert le fut tout autant. La dernière phrase de O-Song (Don't care what people say, I'm dreaming louder every day: Peu importe ce que les gens disent, je rêverais plus fort chaque jour) n'est pas tombée dans l'oreille d'une sourde...
Et nos rêves s'accrochent à leurs phalanges
Nos pensées se sont accrochées aux phalanges et aux doigts d'Olivier, qui couraient sur son piano avec passion et elles se sont accrochées à la crinière du Cheval Vert (une nouvelle chanson en français qui amorce la suite) emmené par Simon.
Liège a assisté à un moment hors du temps, créé par une succession de magnifiques chansons, de quelques fausses notes et autres failles touchantes, d'une simplicité sincère.
AaRON a retrouvé la pénombre des coulisses pour une poignée de mois. Un laps de temps nécessaire à la création du deuxième album, qui va nous sembler bien long.
Déborah Laurent
Source: Ici