AaRON, sulfureux et existentielMusique
- AaRON sort un troisième album, cinq ans après le précédent.Cinq ans après
Birds in the Storm , AaRON, alias Simon Buret et Olivier Coursier, est de retour avec un troisième album.
Quand vous parlez de cet album, le mot sulfureux revient souvent.Simon Buret : "Oui. Transpirant. Une notion de la nuit, de la nuit de l’intime, brûlant. C’est ce que je ressens dans cet album et que j’ai envie de partager. On n’est pas dans la contemplation. Cet album est vraiment minéral, une sorte de connexion avec les éléments qui nous entourent. Un lien avec la nature. La nuit quand t’as plus de masque social, tous ces moments de fragilité qui t’ouvrent un peu, quand t’as le cœur ouvert. Ce qui se passe et te traverse."
Il faut faire attention de ne pas se faire rattraper par la nuit…S.B. : "Ah non, ce n’est pas la nuit alcoolisée, ce n’est pas le monstre de la nuit. C’est quand les gens se révèlent. Quand tu rentres chez toi et que tout le monde est là dans les immeubles à dormir, pourtant t’as l’impression d’être seul au monde, t’es libre, t’es juste toi ou juste avec un pote, ton amour, t’es tout seul alors que c’est une vision, tout le monde est là et fait dodo. Il y a cette liberté parce que peut-être que les ombres n’ont plus d’attaches. Tu traverses et c’est beau, c’est un équilibre avec ce qui se passe la journée. Traverser ça et l’emmener en musique, c’est ce qui nous intéresse dans cet album."
Dans votre agenda - entre le dernier concert pour le dernier album et le commencement du nouvel album -, il y a un trou de trois ans…S.B. : "Il fallait prendre du temps pour recharger les choses, chercher ce qui te traverse, comment en parler. Ta position, c’est un album qui parle beaucoup de trouver sa place dans la masse, de renaissance, de lâcher prise. C’est important de ne pas juste parler parce que t’es un groupe un peu connu et qu’il est temps de sortir un album mais de parler parce que t’en as besoin. Après, c’est un cadeau merveilleux quand les gens l’intègrent dans leur vie. Tu ne peux pas prendre la parole si tu n’as rien à dire."
Vous avez traversé une crise existentielle ?S.B. : "Pas le groupe mais moi oui. Je pense qu’elle est nécessaire et que j’en aurai beaucoup dans la vie. Le fait d’avoir trente ans, de penser à ça, d’être. C’est intense ce qui t’arrive quand tout d’un coup d’être très exposé. On te donne une place dans le monde, après il faut gérer ça. Ce n’est pas le côté notoriété et tout ça mais plus une idée de se chercher, d’aller trouver. Ce sont des questions qui m’intéressent et du coup ça passe par le voyage. Je dois prendre mon temps pour comprendre. Je n’étais pas sûr de vouloir continuer mais en même temps il y avait quelque chose en moi qui bouillonnait. Peut-être qu’il y avait besoin aussi de se dire que l’inconnu était vraiment inconnu, qu’il n’y avait pas une route toute tracée. J’admets ça aujourd’hui. Je suis fier de ne pas connaître la suite, de ne pas savoir ce que va être la vie. Ce qui me fait peur c’est l’inverse, d’être coincé dans une case."
AaRON vous est tombé dessus.Olivier Coursier : "Sur nous, même si moi j’étais déjà musicien et forcément il y avait moins de surprise. Jamais je ne m’étais attendu à ce qui allait nous arriver."
S.B. : "Alors que moi si."
O.C. : "C’est vrai ?"
S.B. : "Moi je trouvais ça super."
O.C. : "C’était incroyable et ça le reste."
S.B. : "Mais c’est plus intéressant aujourd’hui. De voir que les dates sont complètes dès que tu mets les places en vente. Il y a un lien avec les gens. Ton travail est suivi. Les gens sont bienveillants et intéressés. Et cet album, on l’a tellement vécu comme un premier album, on l’a tellement refait, on a tellement bousculé des codes, que voir que l’accueil, le retour des gens, que finalement notre route elle est juste. Je le savoure plus. Même sur scène. J’ai appris à connaître le terrain où j’étais, du coup je peux me recentrer sur les émotions premières qui sont la création de cet album."
AaRON,
We cut the Night (Cinq 7/PiaS).
En concert 03/12/15 @ Reflektor, Liège (sold-out); 04/12/15 @ Eden, Charleroi (sold-out); 24/02/16 @ AB, Bruxelles.
Article de Basile Vellut