Fiesta des Suds : Aaron, la nuit lui appartient
Olivier et Simon font un retour plus sombre et électro. Photo F. Berthier
L 'histoire d'Aaron commence par un spleen qui vient irriguer la bande originale d'un film,
Je vais bien ne t'en fais pas. Une pop tourmentée, illuminée de vertiges, d'extases et de souffles coupés. Le premier disque paru en 2007 est un succès. Le deuxième,
Birds in the storm, sorti trois ans plus tard, confirme le goût de Simon et Olivier pour le danger et la création. Après un silence discographique de cinq ans, Aaron fait à nouveau parler de lui. Cet automne, il revient avec un troisième album
We Cut the Night plus électro, plus sombre. Annoncé par le morceau "Blouson Noir" au clip énigmatique tourné à Los Angeles, où figure l'acteur John Malkovitch en préambule, il témoigne d'une énergie nouvelle. Interview de Simon, le chanteur.
Vous cherchez à traduire par la musique des émotions, des sensations qui vous habitent. Ça a encore été le cas pour ce disque ?
Simon : Notre influence majeure c'est celle du quotidien. Saisir un instant et en faire un polaroïd musical. Puis se l'envoyer à soi-même. Se faire un miroir de musique pour retrouver un sentiment qu'on a perdu. C'est ça l'intérêt pour nous de faire de la musique. C'est de graver des sentiments.
De quels sentiments s'agit-il ici ?
Simon : C'est un album qui porte une pulsion de vie, qui parle de trouver sa place, son centre. De renaissance aussi. Il est très connecté aux grands espaces. Il est important de se rappeler qu'on fait partie d'un tout. Mais pour nous c'est toujours l'auditeur qui colore la chanson qu'il écoute. Nous n'aimons pas l'écraser d'un sentiment. Nous préférons créer des sensations.
Il y a ainsi différents niveaux de lecture autant dans les textes que dans la musique...
Simon : Oui, j'aime cette idée que ça reste interprétable. L'émotion passe autant par la musique que le texte, qui doivent dire la même chose.
On a le sentiment qu'après la frénésie des deux précédents disques, vous avez eu besoin de vous retrouver...
Simon : Tout à fait. Avoir un groupe à succès, c'est fantastique, d'autant que la musique touche à l'intime des gens. C'est émouvant. Mais ça peut écraser aussi. J'ai eu besoin de retrouver la page blanche et la grande inconnue. Et puis me retrouver moi en tant qu'être humain. Ne pas être juste Aaron. Et je n'ai pas fini le travail (rires). C'était important de prendre la parole parce qu'on en avait envie, pas parce qu'il fallait surfer sur le succès.
La nuit habite décidément votre musique. Pourquoi ?
Simon : Ce n'est peut-être pas que la nuit physique. C'est aussi la nuit de l'intime. C'est une nuit permanente même en plein soleil. C'est la petite musique intérieure. Après, la nuit physique est libératrice. Le masque social tombe et les rencontres sont éclairées. Les grandes angoisses comme les grandes euphories arrivent la nuit.
Ce disque est plus rythmé, plus électro...
Simon : C'était une volonté. Il y a une pulsion de vie dans cet album. On voulait du rythme, faire danser. C'est ce qu'on voulait et quand ça arrive... c'est génial. Je me suis souvent dit que cet album était fait pour être écouté en mouvement. La vie, c'est un mouvement permanent, la seule constante c'est le mouvement. J'ai pensé ce disque en fonction de cette phrase.
Aaron, samedi 21h à la Fiesta des Suds
Article d'Annabelle Kempff