INTERVIEW : Rencontre avec AaRON
AaRON vient de sortir son nouvel album « We cut the night » et ils nous ont reçus dans les locaux de leur maison de disques pour nous le présenter.JustMusic.fr : Pouvez-vous me faire un bilan de votre deuxième album « Birds in the storm » sorti en 2010 ?Simon (AaRON) : On a eu l’occasion de faire une très grande tournée qui a duré 2 ans. Dans nos esprits on a ressenti un apaisement car on s’est rendu compte que ce deuxième album était tout aussi attendu que le premier et tout s’est très bien passé. C’était magique pour nous de pouvoir voyager encore un peu plus loin et de s’établir en tant que groupe.
Olivier (AaRON) : On a eu l’opportunité de jouer plus de titres et de varier la setlist. On a également eu l’occasion de partager cette tournée avec d’autres personnes. Donc on peut en tirer un très bon bilan (sourire).
JustMusic.fr : Après cette fameuse tournée vous avez pris le temps de faire d’autres choses chacun de votre côté, comme travailler avec Zazie ou faire la bande originale du film « Les yeux fermés ». Comment ça s’est passé ?Simon (AaRON) : Après cette tournée on a été assez éreinté. Elle nous avait beaucoup chargés et coupés de nos vies personnelles. Du coup, au-delà des projets parallèles on a surtout pris du temps pour se retrouver et se recentrer sur nos propres vies. On voulait redevenir « Olivier et Simon », et ne plus rester dans le prisme « AaRON ». Tout ça nous a permis d’aborder sereinement ce troisième album. On a beaucoup voyagé, vécu un quotidien, vu nos amis… Au bout d’un moment nos intérieurs étaient assez chargés pour revenir en studio.
JustMusic.fr : Comment se sont déroulées vos retrouvailles ?Olivier (AaRon) : On continuait à se voir donc ça allait (sourire). Mais l’envie est revenue à partir du moment où Simon est arrivé avec une maquette du morceau « Blouson noir ». Je pense que chacun de notre côté on commençait à avoir des bouts de textes et des mélodies, mais lorsqu’il m’a fait écouter ça, je l’ai trouvé parfait car c’était exactement dans cette direction que je voulais qu’on aille. Je lui ai présenté d’autres bribes de morceaux et c’est devenu une évidence. On a retrouvé cette envie de retourner en studio pour faire des morceaux sans forcément penser à un album. Inconsciemment on a eu envie de tester des nouvelles choses (sourire).
JustMusic.fr : Justement comment se sont créés vos nouveaux titres et comment avez-vous trouvé les thèmes des chansons ?Simon (AaRON) : Ces deux ans nous ont aidés et les thèmes sont notre façon d’exprimer nos vies au quotidien. Tu te charges de choses, d’un coup ça te traverse et tu as besoin de parler des choses précises qui restent par rapport à d’autres. Je crois qu’on garde les sentiments qui deviennent plus obsessionnels et qui restent… Ça vient à toi, tu ne les cherches pas vraiment. On a aussi été influencé par quelques artistes qu’on a pu croiser sur nos routes pendant ces moments de création. Pendant ces périodes on est plus fragile et plus réceptif. On a été touché par le travail de Bill Viola, un vidéaste qui a une façon de faire qui nous influence beaucoup. Il y a aussi un photographe qui s’appelle Grégory Routson qui travaille sur le clair obscur qui a résonné sur notre travail. On a voulu laisser de la place à l’auditeur et faire un son assez enveloppant avec plusieurs couches de lecture. On voulait qu’on puisse écouter l’album très fort et se faire rattraper par les titres. Ce qu’on essaie toujours de faire depuis notre premier album est de marquer des moments et saisir des photos musicales, des moments de vies qui nous ont traversés.
JustMusic.fr : Pourquoi vous êtes-vous produits sous le nom de « Blouson Noir » lors du Printemps de Bourges en Avril dernier ?Olivier (AaRON) : C’était une façon de redonner sa place à la musique et rien qu’à la musique au delà du nom qui peut parfois changer une écoute. On voulait vraiment revenir par le son et la musique, c’était assez excitant pour nous de voir la réaction des gens.
Simon (AaRON) : Comme on voulait revenir avant la sortie de l’album et présenter des nouvelles chansons, on s’est dit que ça serait drôle d’appeler le concert avec le premier titre de l’album. Pour un premier rendez-vous on voulait faire écouter nos chansons pour ce qu’elles sont et ne pas mettre en avant « AaRON ». C’était marrant car nos managers ont reçu des coups de fils de maisons de disques qui voulaient signer « Blouson Noir » (rires). Ca nous a fait plaisir de voir que même après toutes ces bonnes choses qui nous étaient arrivées, qu’on pouvait juste présenter nos morceaux sans tout l’entourage qui va avec. Ca a quand même fuité avant le jour J, mais on avait l’intention de faire ça.
JustMusic.fr : Pouvez-vous m’expliquer le titre « We cut the night » ?Simon (AaRON) : C’est l’idée qu’avec la musique on coupe les solitudes de la nuit intérieure. On n’est pas que des organes empilés les uns sur les autres, mais on est des êtres de chair (sourire). L’idée que cette nuit puisse être coupée et qu’il y ait un lien invisible qui relie à l’autre souvent par la musique. C’était ça qu’on voulait marquer, ensemble on coupe la musique. Mais la nuit c’est autant la nuit éclairée artificiellement, que la nuit intérieure. La musique coupe pas mal de solitude en général.
JustMusic.fr : C’est votre troisième album et sur la pochette vous vous montrez enfin, pourquoi ?Olivier (AaRON) : Ce qui nous intéressait sur la pochette, c’était de transformer la façon de nous voir.
Simon (AaRON) : Quand on fait de la musique, on ramène notre expérience et ce qu’on a vécu pour le transmettre à l’auditeur. Du coup, on avait cette idée du passe muraille, car c’est un livre qui nous avait beaucoup marqués, l’idée qu’un livre traverse les murs. Symboliquement il y avait une métaphore assez intéressante, il n’y a plus de limite, tu vas où tu veux. Finalement, on a gardé cette idée de passe muraille et on l’a présentée à un collectif qui s’appelle A4 car on aimait beaucoup leur travail graphique. On avait l’idée de la couverture de survie car il y a ce symbole de la pépite d’or. C’est assez beau de voir ce truc qui brille dans la nuit et on voulait ramener ça dans notre nuit. L’important n’est pas ce qu’il t’arrive, mais ce que t’en fait. Une fois qu’on a eu cette idée de passe muraille, A4 a eu envie de nous couvrir la tête et les mains d’or. De transformer cette couverture de survie, de la photographier pour que ça devienne comme une matière. L’idée de la pochette est venue de là, c’était nous mais pas vraiment nous, c’était le surmoi et c’était très intéressant.
JustMusic.fr : Votre nouveau clip « Blouson noir » vient d’être dévoilé et on y retrouve John Malkovitch. Pouvez-vous me dire quelques mots sur cette collaboration ?Simon (AaRON) : On voulait une incarnation physique de « We cut the night », plus que juste faire une pub pour dire qu’AaRON sort son troisième album. On voulait présenter ça comme une préface de livre. J’ai écrit ce poème qui est un rassemblement de diverses phrases des différentes chansons de l’album. Je les ai proposées à John et il est rentré dans le process.
JustMusic.fr : Vous allez repartir en tournée à partir du 10 octobre et vous allez vous produire à l’Olympia le 25 novembre. Que nous réservez-vous pour cette nouvelle tournée ?Olivier (AaRON) : On va réorchestrer les anciens morceaux dans l’esprit de « We cut the night », on va aussi faire une travail différent sur les lumières. Et pour le reste on va vous laisser la surprise (sourire).
JustMusic.fr : Quel est votre meilleur souvenir de scène ?Simon (AaRON) : On en a beaucoup car on a de la chance de faire partie de ceux qui peuvent faire de la scène. Je vais donc dire que notre meilleur souvenir, on est en train de le vivre aujourd’hui avec la sortie de ce nouvel album et de voir qu’il est N°1. C’est une preuve physique que les gens sont encore là et que le lien est toujours présent. C’est un troisième album qu’on vit comme le premier et c’est un très beau cadeau.
JustMusic.fr ; De votre premier album jusqu’à aujourd’hui comment décririez-vous votre évolution ?Simon (AaRON) : J’espère qu’on a bien évoluer musicalement, car depuis nos débuts on a toujours essayé de marquer qui on est. Je pense qu’on a réussi, et en tant qu’être humain on évolue toute notre vie et on espère que ça se ressent dans notre musique. En tout cas on essaie de creuser de plus en plus les choses.
JustMusic.fr : Sinon Simon va-t-on te revoir bientôt au cinéma ?Simon (AaRON) : Bientôt non, car là je me consacre complètement l’album et il faut qu’il y ait un projet cool. Mais ce n’est jamais loin de moi (sourire).
JustMusic.fr ; Pour terminer avez-vous un message pour vos fans ?Simon (AaRON) : On est ravi de cette preuve d’amour du public, de voir qu’il est toujours au rendez-vous et reste fidèle à notre travail. On est très content car ça prouve effectivement qu’on coupe la solitude, qu’elle ne disparaît pas vraiment et que le lien est toujours là.
Article de Vincent Kheng